Autorité

L'autorité correspond au droit de pouvoir commander, d'être obéi. Elle implique les notions de légitimité, de pouvoir, de commandement et d'obéissance, et ne doit pas être confondue avec l'autoritarisme.


Catégories :

Philosophie politique - Concept sociologique - Sociologie politique - Sociologie des rapports sociaux

Définitions :

  • une personne regardée comme étant un expert avec le pouvoir d'influencer le comportement des autres. (source : sacc)
  • Droit de faire appliquer les lois et les règlements ou d'établir des politiques. (source : losl)
  • pouvoir ou influence qui, s'exerçant sur un individu, l'amène à se conformer à ce qui est éxigé. - autorité de droit et reconnu - autorité informelle (leadership) (source : attelagepeda)

L'autorité correspond au droit de pouvoir commander, d'être obéi[1]. Elle implique les notions de légitimité, de pouvoir, de commandement et d'obéissance, et ne doit pas être confondue avec l'autoritarisme. Sa source de légitimité peut fluctuer, et elle peut enfin s'exprimer selon un rapport de force ou un rapport de compétence.

La notion d'autorité

Autorité et autoritarisme

Au point de vue démarche, l'autoritarisme correspond à l'attitude de la personne qui contraint physiquement et/ou psychiquement les personnes qu'elle commande.

L'autorité, en ce qu'elle nécessite la légitimité, ne peut lui être associé. Ce distinguo sert à situer l'autorité au niveau de la valeur ; valeur reconnue par un groupe à une personne, une organisation, une institution, des mœurs ou des croyances.

Légitimité et autorité

L'autorité ne correspond pas à une qualité intrinsèque, mais à une attribution ou une conférence qui légitime le pouvoir de commander et d'être obéi.

En dehors des psychologies et sociologies, on distingue trois sources de légitimation de l'autorité : les règlements, les structures et les capacités. Ces sources peuvent se cumuler ou être différenciées.

Pouvoir et autorité

L'acception du pouvoir qui intéresse la notion d'autorité, relève de la puissance et des moyens, ce qui évoque l'adage selon lequel la fin justifie les moyens.

Nous avons vu que l'autorité correspond à une valeur reconnue et attribuée ou conférée ; elle change par conséquent du pouvoir. Cependant, une autorité sans pouvoir ne présente d'intérêt que consultatif (c'est le cas du Parlement Européen face au Conseil Européen, en 2009). Les Nations amérindiennes du Nord établissent nettement ce distinguo, en n'accordant d'autorité qu'aux personnes reconnues sages (autorité morale) ainsi qu'aux hommes-médecine (autorité spirituelle), et de pouvoir qu'aux guerriers (pas ou peu d'autorité) [2].

A l'inverse, les Nations euro-américaines identifient spontanément autorité et pouvoir, ce qui n'est pas sans poser des problèmes de compréhension de ces notions, qui occasionnent de nombreuses polémiques en philosophie politique et définitions en sciences humaines.

Commandement, obéissance et autorité

Le commandement, c'est l'action et l'objet de la personne qui commande, c'est-à-dire qui donne un ordre.

Dans le cadre de l'autorité, le commandement est obligatoirement légitime ; tant que les personnes reconnaissent le bien-fondé des ordres reçus (exécutions, planifications, préparations, etc. ) elles donnent leur assentiment et obéissent.

Ce bien-fondé est évalué selon les velléités individuelles et les jugements personnels d'ordre public. De leur concordance, et de l'assentiment ou de la résignation de chacun — tacites ou explicites — le groupe obéit, conteste ou réattribue l'autorité.

Les phénomènes de volonté, d'influence, de charisme, de stratégie politique, de révolution, de parti, d'idéologie, etc. entrent en compte à mesure que le groupe prend de l'ampleur (de la famille au Peuple, en passant par le groupe d'amis, l'association, l'entreprise, l'institution ou la Nation).

Là, l'obéissance entre pleinement en compte ; elle correspond à l'attitude de la personne qui se soumet à l'autorité. Cette soumission peut être vécue comme dégradante ou saine, selon le tempérament de la personne, selon l'estime qu'elle a pour ce/celui qui fait autorité, et surtout selon la démarche de ce/celui qui fait autorité (par exemple, s'il ne glisse pas vers l'autoritarisme, s'il est respectueux, etc).

Ce sont par conséquent les différences de tempérament, mais aussi les possibilités et les facultés de juger clairement du bien-fondé des ordres, qui permettent aux personnes de se situer comparé à l'autorité (acceptation, résignation, refus, exécution irréfléchie, etc).

Un rapport de force ou de compétence

L'autorité peut se situer dans un rapport de force ou un rapport de compétence, à l'égard des personnes à qui elle s'adresse.

Les sources de l'autorité

Elles ont déjà été citées, il s'agit de les clarifier.

Autorité de pouvoir

Elle provient des règlements (lois, etc. ). Elle concerne la justice, la police, l'État...

Autorité de fonction

Elle provient des structurations (hiérarchies, etc. ). Elle concerne l'entreprise, la famille, l'association...

Autorité de compétence

Elle provient des savoirs, savoir-faire et savoir-être d'une personne ou d'un organisme. Elle peut être reconnue à quiconque se situe dans une démarche personnelle et positive d'amélioration aux points de vue attitudes, connaissances et compétences, ainsi qu'à quelque organisme ayant fait preuve de prise en compte des besoins de la situation et des personnes. On la qualifie quelquefois "d'autorité naturelle" ou "charismatique", quoiqu'elle tienne des éléments cités.

Aspects de l'autorité

Etymologie

Le mot autorité vient du latin auctoritas. Le Professeur Michel Humbert[3] donne des informations particulièrement intéressantes au sujet de ce dernier mot. Uniquement quelques fragments sont retranscrits ci-après.

«La notion d'auctoritas, principale en droit privé et en droit public romains, se rattache, par sa racine, au même groupe que augere (augmenter), augure (celui qui accroît l'autorité d'un acte par l'examen favorable des oiseaux), augustus (celui qui renforce par son charisme [... celui qui est porteur de l'auctoritas]). L'auctoritas exprime à son tour l'idée d'augmenter l'efficacité d'un acte juridique ou d'un droit. [... ] De même le Sénat, grâce à son insemblable prestige, a la vertu d'augmenter la portée de tout acte pour lequel il a donné son accord (son auctoritas). [... ] Aucune de ces décisions ne sera prise directement par le Sénat (il n'en a pas le pouvoir). Mais tous ces projets, enrichis de l'auctoritas du Sénat, sont assurés du succès. [... ] Aucun acte politiquement significatif n'est mis à exécution par un magistrat sans l'accord (et la délibération) du Sénat. Au point que tout se passe comme si l'inspirateur de la décision était le Sénat, et l'exécutant, le magistrat. Telle est la force de l'auctoritas : sans elle , pas d'action ; devant elle , pas d'inaction.»

La notion d'autorité vient d'être définie dans un sens plutôt juridique et social. C'est son caractère indispensable, ou alors indispensable à la structure de toute société qui la rend légitime pour le plus grand nombre et qui sert à l'opposer erga omnes (à condition évidemment, qu'elle soit régulière juridiquement) On ne doit pas oublier, non plus, ce qu'on nomme l'autorité naturelle pouvant se dégager d'une personne (et ici encore l'aspect bénéfique est sous-jacent). Sur le plan professionnel, par exemple, on attribuera à une personne une autorité certaine si elle inspire, de par sa compétence et sa moralité, la confiance qui permettra d'obtenir le meilleur de chacun et la bonne entente entre les différents individus du groupe.

Les autorités

Au pluriel, l'autorité sert à désigner la totalité des pouvoirs publics.

En psychologie et en psychanalyse

L'autorité est étudiée en psychologie, en ce qu'elle met en jeu des phénomènes de co-influences interpersonnelles.

Les notions d'ascendance et de conférence y sont essentiels, à savoir que :

En psychanalyse, on en revient toujours à cet élément d'origine, que la personne était en premier lieu un petit enfant encadré par ses parents, en quoi le complexe d'Œdipe a un rôle important dans la formation du comportement inconscient à l'égard de l'autorité, qui ressouviendrait toujours l'autorité parentale.

Précisions psychanalytiques

Elles se cristallisent autour du complexe d'Œdipe.

Le petit enfant expérimente une relation fusionnelle avec sa mère. Dans ce binôme, il revient à la mère d'accorder une place intéressante pour le père — ou du moins sa "figure", s'il est absent ; ce père même, peut être autre que le géniteur ; dans l'ensemble des cas, cependant, l'intérêt de la place accordée au père est principale pour le développement psychoaffectif et cognitif de l'enfant[4].

En effet, c'est le père, ou sa "figure", qui joue un rôle tiers dans le binôme fusionnel mère-enfant. Ce tiers correspond ni plus ni moins, à la possibilité pour l'enfant (garçon comme fille) de "couper le cordon" sur un plan symbolique (complexe de castration)  : il fait la connaissance de un Autre sécurisant, ce qui lui permet ultérieurement de reconnaître la valeur de la Loi ; car la Loi est tierce comparé à toute relation humaine.

Au courant de l'adolescence, le complexe d'Œdipe est plusieurs fois réactivé dans l'esprit du jeune, pour lui permettre d'intégrer la valeur du tiers (autorité). Dans ce processus, les parents — ou du moins la mère, qui doit accorder une place à la "figure" paternelle pour l'épanouissement de son enfant — ont un rôle déterminant.

C'est en assurant la place du tiers dans leur discours, que les parents permettent au jeune de s'épanouir socialement (un père peut apporter ses qualités, connaissances et compétences, ainsi qu'évoquer des valeurs politiques ou morales, des croyances spirituelles, et tout simplement la législation nationale ; une mère de même, en plus de légitimer la position du père aux yeux des enfants, etc. tandis qu'un père doit marquer son amour pour la mère, et la seconder dans ses responsabilités) [5].

En sociologie

Le problème de l'autorité est au centre de la philosophie politique et de la sociologie. Si, depuis Platon, l'ensemble des écrits philosophiques contiennent des discussions de l'autorité, on peut citer comme auteurs contemporains Max Weber (qui a formulé une célèbre définition du pouvoir charismatique), Alexandre Kojève qui s'inspirait librement d'Hegel, Carl Schmitt et enfin Giorgio Agamben, qui dénonce l'autorité comme "mythologème" de la philosophie politique.

Précisions en dynamique des groupes[6]

Dans la dynamique des groupes, on distingue deux éléments essentiels :

A savoir que le leadership, notion en vogue dans le management contemporain (années 2000), fait appel à des compétences telles que la séduction et le sens de la mise en scène, de sorte à provoquer des effets de motivation au sein d'une équipe. Le leadership trouve par conséquent sa place dans le cadre d'une structure normée aux objectifs prédéfinis.

L'autorité, quant à elle , est bien à situer au niveau de sa valeur reconnue, attribuée et conférée par le groupe, de sorte que des personnes sont reconnues mieux à même de faire autorité que d'autres. Cela n'est pas sans poser des contradictions, des querelles et des velléités de pouvoir, surtout quand la structure du groupe est informelle.

Formelle, la structure garantit une certaine stabilité à l'autorité, qui n'en est pas moins sujette à contestation, si elle est jugée contre-productive pour le groupe.

En effet, toute société humaine ne saurait s'organiser qu'autour de l'autorité (personnelle, morale, politique ou spirituelle), car l'autorité est une valeur-référence et une valeur-repère pour la communauté.

Les buts de l'autorité sont :

En religion

Christianisme

Selon un des dix commandements, «honore ton père et ta mère (Deutéronome 5.16 ; Marc 7.8)». Dieu a voulu qu'après lui, nous honorions nos parents et ceux qu'il a, pour notre bien, revêtus d'autorité. «Le bien humain et chrétien de la personne et de la société est étroitement lié à la bonne santé de la communauté conjugale et familiale (GS 47, § 1)». [7]

Les enfants doivent à leurs parents respect, gratitude, juste obéissance et aide. Les parents sont les premiers responsables de l'éducation de leurs enfants à la foi, à la prière ainsi qu'à l'ensemble des vertus ; ils ont le devoir de pourvoir dans toute la mesure du possible aux besoins physiques et spirituels de leurs enfants. Les parents doivent respecter et faciliter la vocation de leurs enfants ; ils se rappelleront et enseigneront que le premier appel du chrétien, c'est de suivre Jésus. Le respect filial facilite l'harmonie de toute la vie familiale. [7]

Le devoir des citoyens est de travailler avec les pouvoirs civils à l'édification de la société dans un esprit de vérité, de justice, de solidarité et de liberté. L'autorité publique est tenue de respecter les droits fondamentaux de la personne humaine et les conditions d'exercice de sa liberté. Le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles lorsque ces préceptes sont contraires aux exigences de l'ordre moral. «Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes (Actes des apôtres 5.29)». Toute société réfère ses jugements et sa conduite à une vision de l'homme et de sa destinée ; hors des lumières de l'Evangile sur Dieu et sur l'homme, les sociétés deviennent facilement totalitaires. [7]

La "crise de l'autorité" et le "mépris de l'autorité"

Emblématiques de ces expressions, les émeutes urbaines, les difficultés de l'éducation (parentale, nationale, populaire, etc), les contestations politiques, internationales et/ou idéologiques (le socialisme au XIXème siècle, le communisme, les altermondialismes, les réseaux alternatifs de solidarité, etc. ) signalent que l'autorité est aujourd'hui galvaudée.

Il faut situer ces éléments au niveau des crises de la légitimité à plusieurs niveaux (démocratiques, marchands, entrepreneuriaux, professoraux, parentaux, etc. ) qui affaiblissent le droit de pouvoir commander, d'être obéi.

Cette crise de la légitimité place par conséquent la totalité des problèmes d'autorité au niveau de la reconnaissance de sa valeur par le groupe.

Le cas de Mai 68 en France[8]

L'année 1968 est charnière au plan de l'autorité et , de toute évidence, les historiens ne sont pas au clair avec ces événements[9].

A savoir qu'elle fait suite à la Guerre d'Algérie et d'Indochine, qu'elle réagit à la Guerre du Vietnam et au gaullisme (avec lesquels les historiens ne sont pas au clair non plus), ainsi qu'au fonctionnement magistral et autoritaire de l'université de l'époque.

Trois éléments essentiels orientent les débats publics de Mai :

Ces débats et ces contestations s'adressent clairement à la totalité de la société, et ne sont pas marginaux.

Néanmoins, des mécompréhensions, des surenchères ou des dérives marginales particulièrement visibles, placent Mai 68 dans le sillage de la Beat Generation et des hippies, et par conséquent dans les problématiques de l'abus, de la violence et de l'hédonisme.

Ainsi, Mai 68 est aussi connoté de pornographie et de consumérisme-roi, tandis qu'originellement la question des rapports d'autorité seule est au cœur des débats, et par conséquent la question des rapports des Hommes en société.

Polémique entre secteur privé et public

Cette polémique touche principalement à la conférence de l'autorité au secteur privé, comparé au secteur public qui se voit accorder toujours moins de prérogatives, au sein des tendances néolibérales, ou libérales-capitalistes.

Le débat fait surtout rage en France, où près de 22% de la population est fonctionnaire : les politiques de rigueur y apparaissent réellement comme la "casse" d'un secteur public dont la dimension est socioculturelle depuis la IIIème République. En France, par conséquent, le secteur public appartient aussi au domaine des valeurs.

Cependant, la polémique éclate dans plusieurs régions du monde (Amérique Latine, Europe continentale, Asie du Sud), où la privatisation croissante des activités interpelle les populations sur la capacité des acteurs privés à assurer le bien public.

La question de l'autorité (légitimité à décider pour le groupe) est bien au cœur de cette problématique, dans la mesure où il s'agit d'évaluer la pertinence de l'action à but lucratif, dans un domaine concernant la cohésion et la cohérence des institutions, des sociétés, des nations et des peuples.

Références

  1. Dictionnaire Larousse 2002
  2. James Wilson, La Terre pleurera.
  3. Michel Humbert, Institutions politiques et sociales de l'antiquité
  4. Françoise Dolto, La Cause des enfants.
  5. Françoise Dolto, La Cause des adolescents.
  6. Que sais-je, La dynamique des groupes.
  7. Catéchisme du Vatican, quatrième commandement : En bref.
  8. Vincent Cespedes, Mai 68, la philosophie est dans la rue.
  9. à considérer le paysage éditorial et documentaire du quarantième anniversaire de Mai en 2008

Voir aussi


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"l'autorité"

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